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je serai à Salonique, et dans un mois où le Destin voudra bien m’envoyer. Je pars joyeux et les augures me sont favorables, puisque mon vœu le plus secret s’accomplit, puisque, à la veille de ce départ vers l’inconnu, je me retrouve si près de vous…

» … Je viens d’interrompre cette lettre, parce que, tout à coup, je vous ai vue, la lisant… Vous détournez la tête, et si j’étais devant vous, vous me refuseriez votre main…

» Laurence, j’ai eu de grands torts envers vous. J’ai manqué à l’amitié. Pendant des mois, j’ai accepté d’ignorer votre vie si grave et si pure, et peut-être si douloureuse. Je vous ai retiré ce réconfort que vous receviez, me disiez-vous, par mes lettres, et que j’avais promis de vous donner toujours. Et vous, pour qui toute promesse est sacrée, vous avez considéré mon absence morale comme une trahison. J’en suis sûr… Eh bien ! je ne vous apporte pas de vaines excuses. Je ne prétendrai pas, pour me faire absoudre, que les conditions particulières de mon existence et mes devoirs de soldat