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froid, le silence pèse, bloc sans frisson et sans fêlure.

Laurence se hâte vers les pavillons. Sa figure, mordue par le gel, crispée de souffrance, se rassérène quand apparaissent des coiffes blanches derrière les vitres des larges baies. Bruit de voix enfantines, claquement de galoches… La vie, réfugiée dans la tiédeur des salles et des préaux couverts, appelle doucement la visiteuse. La porte de l’infirmerie s’entrebâille. Une grosse personne couperosée, aux yeux bruns, aux cheveux argentés sous la mousseline, avance un buste opulent, drapé de toile écrue. C’est l’assistante du docteur Aubenas, l’infirmière-major, madame Dobre.

Elle s’écrie :

— Entrez bien vite, ma pauvre demoiselle de Préchateau. Vous êtes toute bleue de froid. Cela fait peine…

Et familière, elle attire Laurence à l’intérieur du pavillon, dans le préau vitré où les convalescents jouent et se bousculent. Quelques petits garçons souffreteux, la tête et le cou