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la femme et son secret

décoré, sûrement, vers la quarantaine. S’il trompe sa femme, ce sera discrètement. Ses aventures, sans lendemain, ne ruineront pas le ménage. Si sa femme est pieuse, il ne s’en plaindra pas. La dévotion, pensera-t-il, occupe l’esprit et calme le cœur inquiet des femmes. Cependant, méfions-nous des curés ! Tel est ce bourgeois, type indestructible d’une certaine catégorie sociale.

Qu’est-il venu faire à Venise ?

Quinze ou vingt jours de mariage, quinze ou vingt nuits. Songez à la rencontre de cet homme et de cette femme, réduits à eux-mêmes, dans leur vérité, dans leur nudité. Pour la fille la moins ignorante, l’initiation est toujours un choc moral et physique. Ce mystère ne s’accomplit pas comme on le voit dans les romans, où l’homme se rend maître, avec une facilité heureuse, d’une vierge ravie de ne plus l’être, et qui délire de volupté (!). Dans la vie réelle, c’est moins simple. Un tel événement comporte bien des possibilités de souffrance, de laideur, de brutalité, de ridicule. Pour que la femme se rappelle sans rancune les derniers moments de la vierge, il faut qu’elle ait trouvé un amant dans son jeune