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le bonheur conjugal

robe, le manteau, le sac à monogramme d’or, le collier de perles, les bagues coûteuses et le chapeau imposé par la grande modiste de la ville, d’après le dernier modèle de Reboux.

Sous ce chapeau, la jeune figure sans fard ne doit rien qu’à la nature, et, vraiment la dette est légère parce que la nature n’a pas donné beaucoup. L’éclat du teint, un timbre de voix mélodieux, tiennent parfois lieu de beauté à des femmes qui eussent mérité d’être belles, car l’essentiel n’est pas d’être jolie, mais de le paraître, et de ne pas laisser à l’amour qui s’approche le temps de la réflexion.

L’amour, s’il s’est approché de la jeune femme à la robe beige, a bien eu le temps de réfléchir, et, gardant ses distances, il a cédé la place à ce trio qui préside aux mariages bourgeois : la Raison, l’Intérêt, la Coutume. Il suffit, pour tout comprendre, de regarder le mari.

C’est un monsieur. Il est né comme ça. Un monsieur. Pas un jeune homme. Pas un amoureux. Pas un amant. Un monsieur. L’on devine qu’il sait ce qu’il veut, qu’il ne perd jamais une heure, qu’il est probe et consciencieux, qu’il ne gâche pas son argent, qu’il gagnera tous ses grades, « au choix », et sera