Je regarde un de ces ménages, entre autres, ménage français, évidemment provincial. Cela se sent aux façons du mari, car il est, à vingt-six ou vingt-huit ans, déjà sérieux, avec cet air d’homme important, d’homme établi, que n’ont pas les Parisiens du même âge.
La jeune femme, en robe beige, est à peine majeure, et tellement ordinaire, qu’elle prend la valeur d’un type. Pas jolie, pas même laide, forte créature bien charpentée, à qui la première maternité fera une croupe de jument, elle n’est pas la « jeune fille moderne » classique, telle que les romanciers la peignent d’après quelques modèles pris à Paris, dans les milieux où l’on étudie et dans les milieux où l’on s’amuse. Elle est l’enfant de bourgeois qui ne sont pas encore ruinés ou de parvenus arrivés à la bourgeoisie ; pas du tout une snob, pas du tout une artiste, peut-être pas une fille nulle, à coup sûr une bonne fille. Il suffit de regarder ses yeux francs et sa bouche qui voudrait sourire. Il y a, par le monde, des milliers de filles comme celle-là.
Sur elle, comme en elle, tout est neuf : la