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avant-propos

elle ne plie que pour reprendre sa forme et sa place. Ce n’est pas l’intérêt de l’humanité qu’elle se modèle sur son compagnon jusqu’à devenir un « double » interchangeable de l’homme. Au lieu d’effacer les différences intellectuelles et morales qui tiennent aux différences physiques des sexes, il faudrait peut-être les favoriser, et les accentuer, aller dans le sens de la différenciation plutôt que dans le sens de l’assimilation, afin que la femme soit, par ses vertus, ses talents, ses grâces et même par ses défauts, femme à l’extrême, femme au maximum de la féminité.

Il y a deux humanités dans l’humanité : celle de la femme et celle de l’homme. Les deux sexes ne sont pas ennemis : ils sont contraires. Parlant la même langue, ils croient s’entendre, et ils vivent dans un malentendu perpétuel, parce qu’ils ne donnent pas, qu’ils ne peuvent absolument pas donner aux mots le même sens. L’amour exauce un instant leur désir d’unité, mais, dans l’union la plus étroite des corps, chacun assiste, sans comprendre,