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la femme et son secret

che sur les amours célèbres, cadavres illustres, étalés dans les librairies, annoncés par les guides, proposés comme des modèles ou des aphrodisiaques aux couples qui ne savent pas être heureux tout seuls et tout simplement.

L’Amour-cérébral, nourri de livres et de musique, prend des forces en se couchant dans le lit de Byron, dans le lit de Musset, dans le lit de Wagner, dans le lit de la Duse. Il écoute le gondolier, dans la nuit, et se souvient de Casanova. Que ne peut-il se déguiser, pour un carnaval imaginaire, avec le masque blanc et le manteau noir ? Ses jouissances, alors, seraient plus vives.

L’Amour vrai n’a pas besoin de ces décors et de ces excitations. Il chante sa propre barcarolle, et ne se nourrit pas de citations, entre deux baisers. Il porte en lui-même sa féerie. Le souvenir qu’il garde de la vieille sirène mourante est jeune, tendre et léger. Au miroir adriatique qu’elle lui tend, il ne voit que son propre visage.

Mais le sentiment de ces couples associés par des intérêts de famille et selon des convenances sociales, ce sentiment qui aura besoin, pour s’épanouir et porter fleur, du climat pai-