Page:Tinayre - La femme et son secret, 1933.pdf/79

Cette page a été validée par deux contributeurs.
77
l’âge de l’ingratitude

qui manque à ces enfants de vingt ans. L’affection des parents, la camaraderie, l’activité intellectuelle, l’ambition permise ne comblent pas un cœur de jeune fille, et le désir masculin qui s’offre lui fait pressentir, plus amèrement, à certaines minutes de clairvoyance, ce que pourrait être le bonheur, si le désir était l’amour. C’est le drame de la jeunesse d’aujourd’hui, ce besoin de l’amour qui existe, dans le cœur des filles, même dans le cœur de celles qui ont donné ou laissé prendre leur corps. Elles ne veulent pas l’avouer. Elles croient qu’en reniant l’amour comme l’homme le renie, elles retiendront leur compagnon de flirt ou de volupté, mais l’amour seul fixe le désir, et forme les couples qui feront jusqu’au bout le voyage de la vie.

L’insécurité sentimentale est intolérable à la jeune fille, dès que la légère ivresse de la liberté se dissipe. Les airs d’Amazone, le prétendu cynisme, sont un masque posé par l’orgueil sur un visage inquiet. Telle qui rit trop fort, en buvant des cocktails et en fumant des cigarettes, pleure en secret.