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la petite enfance

… pauvres et nus, sans mère,
Sans maison, n’ont jamais d’oreiller pour dormir…

Je les plaignais. Je les aimais. Je les voyais tout petits, tout pâles, couchés sur des paillasses de maïs, comme il y en a chez les paysans du Midi, et condamnés à ce supplice d’avoir toujours sommeil… « Pauvres Zénus ! »

J’ai été bien troublée aussi par « les colliers » qui faisaient le titre d’un poème, où il était question d’un tout petit enfant qui allait à l’école, d’une abeille qui lui parlait, d’un maître « tout noir » et de bien d’autres choses, excepté de ces fameux « colliers » annoncés, promis, que je me représentais magnifiques. Étaient-ils en perles de verre ou en perles de porcelaine, en or ou en argent, et de quelle couleur, bleus ou roses ? Hélas ! ces colliers féeriques n’étaient qu’une erreur de mes oreilles de petite fille, et j’avais oublié, ou j’ignorais encore, que l’enfant qui va à l’école s’appelle l’écolier !

Nos enfants vivent parmi des malentendus que nous ne soupçonnons pas et que le hasard nous révèle. Les rapports qu’ils établissent