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la petite enfance

Imitation des gestes de la mère, des rites de la nursery, mais il n’y a pas qu’imitation. Il y a une intelligence de ce que signifient ces gestes et ces rites, et un mouvement du cœur, une jouissance sentimentale, très curieuse et touchante à observer.

La petite fille, dès trois ou quatre ans, aime sa poupée, comme un être et non comme une chose. Elle lui prête des défauts, — beaucoup de défauts, cela permet de l’éduquer et de la corriger — en se procurant à soi-même une agréable revanche personnelle sur les parents éducateurs et correcteurs, puisqu’on se hausse jusqu’à leur rang en prenant leur rôle. Mais, dans cet amour sans indulgence, existent tous les éléments de l’amour maternel : le sens de la propriété, le dévouement, la tendresse, la jalousie même, et l’admiration aveugle, obstinée, de l’escarbot pour ses petits.

Le don d’une poupée neuve, et très belle, s’il ravit de plaisir une petite fille, ne lui fait pas délaisser les vieilles poupées fanées ou mutilées. C’est un des traits les plus charmants de cet amour auprès duquel le goût des garçons pour leurs mécaniques est bien faible, et bien falot. J’ai vu une petite Louise de quatre