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LE CHEMIN DE LA SAGESSE

nesse et la maternité, avec grâce. Vieillir avec grâce, c’est le dernier chef-d’œuvre de la femme. Il est, comme tous les chefs-d’œuvre, difficile et rare, et on ne l’improvise pas.

Préparer la vieillesse, ce n’est pas méditer quotidiennement sur la vieillesse. Les gens qui répètent sans cesse qu’ils ne craignent pas la mort, sont des gens qui ont peur de la mort. Les femmes que la vieillesse épouvante en parlent tout le temps. J’en sais une qui n’avait pas d’entretien plus ordinaire. Elle revenait perpétuellement à cette question à propos de tout : son âge et l’âge des autres. C’est bien la seule personne à qui j’aie entendu dire qu’elle avait cinquante ans lorsqu’elle en avait quarante-huit.

« Je suis, expliquait-elle, dans ma quarante-neuvième année, donc je vais sur cinquante ans. »

Elle y allait, avec une fureur mal cachée, et elle y croyait être, elle y voulait cire, par un singulier sentiment fait, pour les trois quarts, d’orgueil exaspéré, et pour le quatrième quart, d’une intolérable angoisse. Une autre, du même type moral, autrefois très belle, ne se consolait pas d’être une admirable