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LA FEMME ET SON SECRET

femme, et il en jouit purement, mais s’il arrive à la passion paternelle d’un Goriot, cette passion nous étonne, comme une sorte de folie. L’excès de l’amour maternel peut être dangereux et déplorable : il ne contredit pas la nature.

La mère en adoration devant son fils de vingt ans continue d’être ce qu’elle était lorsque ce fils, tout petit enfant, vivait dans la chaleur de son sein et de ses bras. Quand elle caresse cette tête chérie, — ce qui lui est rarement permis, parce que le fils de vingt ans ne se prête guère à ces effusions, — elle retrouve un peu du doux plaisir que lui donnait le contact du nourrisson frais comme une fleur et gavé de lait, sensation diffuse mêlée au sentiment, délicate ivresse dont la femme n’a pas une claire conscience et qui est incompréhensible à l’homme.

Cette possession de l’enfant, la nature l’accorde à la mère pour les premières années. Très vite, l’enfant grandissant y échappe. Les femmes le sentent si bien qu’elles sont tristes et joyeuses, en même temps, lorsque le petit fait ses premiers pas tout seul. Elles pleurent en le conduisant pour la première fois à l’école, en voyant la porte se refermer der-