Page:Tinayre - La femme et son secret, 1933.pdf/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.
21
la petite enfance

Françoise avait quatre ans en mai 1918, et l’expérience de la guerre. La guerre, pour une petite Parisienne de cet âge, c’était Papa qui est « au front », endroit mystérieux et sans rapport avec la partie de la tête connue sous le même nom. C’était l’arrivée et le départ de ce papa intermittent, habillé de bleu. C’était le réveil en pleine nuit et la descente à la cave, pendant qu’un épouvantable fracas se produisait dans la rue et dans le ciel, et puis la fanfare des pompiers annonçant que Maman pouvait remettre Françoise dans son petit lit. C’était un certain nombre d’expressions bizarres, employées par les grandes personnes, et que les enfants transposaient dans leur langage.

Ainsi, les « Boches »… Qu’étaient-ce que ces « Boches » dont tout le monde parlait ?

Quelque chose de vaguement humain, sans doute, mais plutôt monstrueux. Pas des hommes. Des espèces d’hommes.

Un jour, pour se débarrasser de Françoise qui interrompt et gêne la conversation, sa