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la femme et son secret

« Cher adoré, je ne sais pas où je serai l’année prochaine à pareille époque, mais je suis heureuse et fière de te signer mon certificat de vie pour celle-ci par ce seul mot : Je t’aime.

« Juliette. »

Et la plume lui tombe des mains. Trois mois plus tard, le 13 mai, on la conduit au cimetière de Saint-Mandé près de sa fille Claire. La dalle de sa tombe ne porte aucun nom.

On a fait de Mlle de Lespinasse et de Marceline Desbordes-Valmore, des « saintes » de l’amour profane. Juliette Drouet ne mérite-t-elle pas ce nom, autant, et peut-être mieux, que ces deux femmes célèbres ? Elle n’avait pas l’intelligence cultivée de la première, et l’admirable génie poétique de la seconde. La qualité littéraire de ses lettres n’égale pas la beauté du sentiment qui les inspira. Mais ce qui est sans prix, dans ce témoignage, c’est le naturel, la vérité du cœur, tout nu.

L’amour, dans le mariage, subit les modifications qu’entraîne la vie conjugale, la ma-