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l’héroïsme féminin

sait. Il y avait, dans cette femme, née du peuple, un peu de la grisette et de la paysanne, le tour d’esprit libre et vif et la fraîche naïveté qui survivaient à toutes les aventures de sa jeunesse. Avec sa robe et sa capeline de paille d’Italie, la princesse de théâtre, le modèle de Pradier, n’était plus que Mimi Pinson. Dans les bois de l’Homme-Mort, au carrefour de la Cour-Roland, elle allait attendre son amant, assise sur la mousse épaisse et verte qui abonde aux pieds des chênes. Quelquefois, il avait passé par là, le premier, et il avait laissé pour elle, au creux d’un vieux châtaignier, une lettre qui était un poème. Une flûte invisible soupirait dans les vergers. Le vent frôlait, sous l’yeuse, le calme miroir d’un étang. Une grâce virgilienne descendait, avec les ombres allongées des collines, sur ce paysage d’Île-de-France. La poésie diffuse dans les choses, devenait vivante au cœur de la femme et sous le front penché du poète. Des bois, de la fontaine, de la borne du chemin, des grands chars gémissants au crépuscule, des âmes confondues dans l’amour comblé, Olympio composait déjà le miel amer de sa tristesse.