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la femme et son secret

liette. Les beaux meubles ont été vendus, ou saisis. M. Guimbaud, qui a publié une très belle étude sur Juliette Drouet, nous apprend qu’il y avait, au Mont-de-Piété, 48 serviettes brodées, 48 chemises de batiste (estimées 500 francs) une montre en émail et or (estimée 450 francs), une croix en brillants (estimée 500 francs). Et Juliette manque de linge ! Elle manque aussi de feu, en hiver. Elle a de gros souliers, de gros bas, et deux robes seulement qu’elle ravaude pour les faire durer. Ses mains s’abîment, gercées d’engelures. Elle vit dans une complète réclusion, ne recevant personne, ne sortant jamais seule, ne lisant que le Moniteur ou les manuscrits de son amant qu’elle recopie, en fidèle secrétaire. Et Paris se demande où est la belle Juliette, ce que fait la belle Juliette, princesse enlevée par un enchanteur…

Ce qu’elle fait ? Elle expie !

Avec l’amour, la jalousie, l’atroce jalousie rétrospective a saisi le cœur et les sens du poète. Il est très jeune encore, plus jeune que son âge par son inexpérience de la femme, et il y a, dans ce romantique, un bourgeois, farci de préventions contre les comédiennes