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L’HÉROÏSME FÉMININ

son d’égoïsme et de dévouement passionné. Le dévouement l’emporte sur l’égoïsme, mais il ne le supprime pas. Encore faut-il définir cet égoïsme qui est réellement un réflexe de défense. L’amour féminin donne tout et veut qu’on ait besoin de ce qu’il donne. Sa pire torture est de sentir qu’il n’est plus nécessaire à l’être aimé, ou qu’autre chose est nécessaire, qui ne dépend pas de lui, qui n’est pas lui.

C’est par là qu’il rejoint l’instinct maternel. Pour l’amante et pour la mère, possession et don ne font qu’un, tandis que l’homme peut se satisfaire de posséder sans donner. Il n’a pas besoin d’agir sans cesse dans la vie de sa compagne. Il n’a même pas besoin qu’elle soit heureuse par lui, pourvu qu’elle ne soit pas heureuse par un autre. Il a d’autres fonctions, d’autres devoirs, qui peuvent être grands et nobles, dont la femme recueille indirectement le fruit ou l’honneur. C’est beaucoup pour elle. Ce n’est point assez. Elle souffre de se croire inutile. Le mot de l’amour vrai, c’est :

« Je veux faire quelque chose pour toi. »

C’est un mot de femme.