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LA FEMME ET SON SECRET

sion est d’ordre sentimental. Si fin que soit un homme, la femme a souvent envie de lui souffler ce qu’il devrait dire, qui est très simple, et qu’il ne trouve pas tout seul. S’il le trouve et s’il le dit, il peut faire, après, tout ce qu’il veut. La femme reconnaît son maître.

Elle en est ravie, parce que si elle éprouve une délectation à dominer l’homme, c’est une délectation perverse : c’est la volupté de la revanche, la puérile joie de l’écolier qui fait la nique au professeur, le plaisir du braconnier qui a berné le gendarme. Mais le vrai bonheur de la femme, le seul bonheur complet qu’elle ressente, le seul qu’elle cherche à travers tous les essais d’amour, c’est une reddition volontaire et un don total à l’homme qu’elle peut admirer. Et elle n’admire pas l’homme qui ne voit pas clair en elle, ou qui prétend y voir clair quand il n’y comprend rien.

L’homme ne connaît bien la femme que s’il a dans sa sensibilité, une nuance légère de féminité et la femme n’est pour lui une amie complète et sûre que si elle a dans l’intelligence une nuance de virilité. C’est le secret des liaisons qui durent et des mariages heureux.