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L’HÉROÏSME FÉMININ

pudeur… Et cependant, elle affirme qu’elle aime aussi Polyeucte. Son inquiétude, sa sollicitude conjugale ont un accent déjà bien tendre. N’oublions pas que Polyeucte est jeune, noble, magnifique, qu’il a, dans l’âme, ce goût du sublime qui le rend singulièrement généreux — généreux jusqu’à l’imprudence, puisqu’il permet à Pauline de revoir Sévère. Il y a en lui du chevalier. Tous les autres personnages, et Sévère le premier, ratiocinent admirablement. Ils ont été à l’école des philosophes. Polyeucte est un poète. Sa foi nouvelle, son amour, l’angoisse du cœur et l’espérance du martyre, jaillissent de lui, comme un chant. Et ce sont les merveilleuses Stances.

À toute sa famille, à Sévère, à Néarque lui-même, il paraît excessif et même fou. Croyez-vous que Pauline l’estime moins parce qu’il extravague ? C’est à ce moment-là qu’elle commence à sentir ce qu’elle tâchait seulement de sentir, à penser ce qu’elle s’efforçait de penser. L’amour qui était dans sa raison, descend dans son cœur, envahit tout son être. Souvenez-vous qu’elle est mariée depuis quelques jours, qu’elle est devenue femme dans les bras de Polyeucte. Jusqu’à la fin, elle va