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LA FEMME ET SON SECRET

les habitait les abandonne, Walkyries déchues.

L’héroïsme de la femme est d’un autre ordre, et je reviens à mon vieux Corneille. Il a, une fois, rejoint et dépassé Racine, dans la connaissance, ou l’intuition, du cœur féminin. Il a créé Pauline.

Les professeurs qui annotent le Théâtre classique à l’usage des lycéens, rappellent volontiers cette définition célèbre : « Pauline est une honnête femme qui n’aime pas son mari. »

Pauline aimait Sévère. Elle a épousé Polyeucte pour obéir à son père, et elle lui a donné, par devoir — dit-elle — l’amour qu’elle donnait à Sévère par inclination. Nous savons qu’elle est la droiture même. Elle ne ment à personne… excepté peut-être à son propre cœur.

Sévère reparaît. Elle n’a pas eu le temps de l’oublier. Elle le revoit, bien contre son gré, car elle craint

Ces surprises des sens que la raison surmonte…

Sa raison surmonte, par un pénible effort, la révolte de l’amour qui ne veut pas mourir. Elle aime Sévère. Elle le lui dit, en parlant au passé, par un détour délicat qui sauve la