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la femme et son secret

sûr moyen d’accroître son prestige sexuel. Sa force est dans la réticence et dans la défense. La pudeur suggère l’idée qu’une chose secrète est interdite, et d’autant plus désirable. L’approcher, est une faveur ; la posséder est un privilège insigne qui crée un devoir au possesseur ; la garder, est un souci qui la rend plus chère et plus précieuse ; la céder à un autre homme, est une humiliation.

Cette chose secrète — le corps de la femme — si elle n’est plus secrète, perd de sa valeur. Étalée au regard de tous, banalisée, comparée, évaluée, elle ne troublera plus guère la grande maîtresse du désir masculin : l’imagination.

« Eh bien ! dit un fanatique du nudisme, c’est donc que l’amour a besoin d’hypocrisie ! Quelle immoralité !… »

Foin d’une « moralité » et d’une « hygiène » qui ramèneraient l’amour à la simplicité animale. Qu’on ne nous parle pas des Grecs, l’exemple est mal choisi. Jamais les Grecs n’ont accepté la nudité ailleurs qu’au bain et sur le stade, et quant à la nudité des femmes, il n’en était pas question. Aucune statue de déesse nue, avant le ive siècle, qui était déjà