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le démon de midi

vrez-nous du Démon de midi. » Dans les siècles païens, il fut un dieu. L’humanité l’adora sous bien des noms. Les hommes et les femmes qui ont éprouvé sa puissance l’appellent l’Amour.

Ce n’est pas lui qui fait rêver les jeunes filles, qui préside aux fiançailles et qui ferme sur les époux les portes nuptiales. L’Amour virginal est un Ange. Celui qui vient à l’heure brûlante de la vie, est un Démon. Tout l’effort des religions et des lois morales tend à l’exorciser. Il a fait couler beaucoup de sang et de larmes. Mais ses victimes, en le maudissant, lui gardent une inavouable tendresse.

Asmodée, le Diable Boiteux, voyait à travers les toits des maisons, les mille scènes de la comédie humaine. Pour le Démon de midi, les murs sont transparents. Il sait bien qu’il ne doit pas entrer dans cette chambre où veille une jeune mère près d’un berceau ; ni dans celle-ci, où une ménagère affairée bouscule les meubles et gourmande une domestique ahurie ; ni dans cette autre où un vieux ménage, qui vient d’achever un bon repas, commence une partie de cartes. Ce mince gibier, dé-