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la femme et son secret

Charlotte fut ravie de cette amoureuse pensée. Elle promit. Et puis elle se maria. Et elle s’aperçut bientôt que son mari avait oublié, simplement, de l’avertir qu’il ne prenait, ni ne comptait prendre, aucune sorte de plaisir coûteux… Il n’aimait que les plaisirs économiques. Tels que les concerts par T. S. F., le cinéma de quartier, le théâtre à prix réduit (lorsque la salle, aux dernières représentations d’une pièce qui a eu un grand succès d’estime, est quasi vide), et surtout les conférences à la Sorbonne ou dans les mairies. Il y conduisait sa compagne, coiffée d’un chapeau et vêtue d’un manteau « tout aller », parce qu’on ne s’habille pas pour ces sortes de fêtes, « ce qui est bien agréable », disait Monsieur. Charlotte, elle, ne disait rien. Son majestueux mari, grand, gros, fort, coloré, un de ces hommes qui font l’admiration des femmes du peuple par leur physique, ne la terrorisait pas ; il la dominait. Elle l’admirait de bas en haut, comme un monument.

Cependant, avec les années, ces divertissements parurent monotones à Charlotte, d’autant plus que son mari était sérieux, économe, et mesuré en tout. Je dis « en tout », et vous