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avant-propos

au frisson de l’autre, et tout le drame de la gestation, de l’enfantement, le travail constant du sexe dans l’organisme féminin, c’est pour l’homme un monde inconnu.

L’âme de la femme est aussi, pour l’homme qui la regarde agir et sentir, un monde étranger. Ce qu’on appelle l’illogisme de la femme, sa puissance d’oubli, sa facilité à recommencer la vie comme la terre recommence le printemps, le don naturel qu’elle possède de s’adapter, de se déprendre, de se réadapter à toutes les conditions de l’existence, et en même temps sa patience, son courage, sa confiance, son instinct d’aimer et de servir qui subsiste, caché et comprimé, même dans la plus orgueilleuse des intellectuelles, toutes ces contradictions étonnent et déconcertent l’homme. Il veut les résoudre en les définissant, parce qu’il est né logicien, tandis que la femme les accepte avec sérénité. Il veut comprendre. Elle veut vivre. Dans le couple, le raisonneur, le philosophe, l’idéaliste, c’est lui. Il explique la vie. La femme la donne, la maintient, la défend, selon sa loi.

Elle a besoin qu’on ait besoin d’elle. C’est