Page:Tinayre - La Vie amoureuse de madame de Pompadour.pdf/95

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bourgeoise, n’ayant pas même reçu cet héritage des traditions dont les bonnes familles parlementaires s’honorent comme d’une autre noblesse, elle trahit son origine. Elle peut être intelligente, cultivée, spirituelle et gracieuse, il manque à sa politesse même la nuance presque insaisissable qui constitue le « bon air » et le « bon ton ».

Le « bon ton » défini par Mme de Genlis, c’est un « choix d’expressions nobles et délicates, la connaissance de ce qui est dû à chaque personne suivant l’âge, le mérite et le rang » ; c’est une politesse naturelle, une expérience parfaite des usages calculés pour l’agrément de la société, en un temps où l’on se dispense facilement de la vertu, mais jamais de la bienséance ?

Les gens de bonne compagnie n’emploient pas certaines expressions qui sont d’usage courant dans la bourgeoisie et dans le peuple. Ils ne se disent pas « Je vous salue » en s’abordant ou en se quittant. Ils ne se font pas des cadeaux, mais des présents, le mot cadeaux étant reconnu pour ignoble. On ne va pas aux Français, mais à la Comédie-Française ; on ne boit pas du Champagne, mais du vin de Champagne, on ne donne pas des louis d’or, mais des louis en or. Toutes les locu-