Page:Tinayre - La Vie amoureuse de madame de Pompadour.pdf/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pourrait-elle ne pas exécrer la triomphatrice ? Et les rivales évincées, Mme de Rohan, de Robecq, de la Mark, comment ne chercheraient-elles pas ces points sensibles de la femme où la piqûre de la moquerie fait une plaie vive et douloureuse ?

La méchanceté féminine hésiterait-elle, que des hommes seraient là pour l’aider, adversaires secrets de la marquise, dès le début de sa faveur, et plus enragés à mesure que grandit sa puissance. C’est Richelieu, inconsolable de n’avoir pas donné au Roi une maîtresse choisie par lui et liée à ses intérêts ; c’est le comte d’Argenson, c’est Maurepas, ennemi déclaré de toutes les maîtresses. Celui-là, surtout, est terrible par son talent de chansonnier satirique, par les épigrammes à l’emporte-pièce, qui font la joie des salons et qui n’épargnent personne — pas même la majesté royale — annonçant les pamphlets satiriques et les infâmes libelles qui, sous un autre roi, saliront non plus une favorite, mais une reine de France.

Pour ces grands seigneurs, nourris dans le respect des hiérarchies séculaires, formalistes observateurs de l’étiquette qui règle les préséances et réserve à chacun ses droits, la tare suprême de la marquise, c’est sa naissance. Bourgeoise par le sang, et petite