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de la marquise. Elle doit compter encore avec les femmes, les favoris et les ministres.

Les femmes ne lui pardonnent pas son éclatante fortune. Celles qui se sont rangées de son parti, celles qui soupent avec elle, et celles-là aussi qui lui doivent tout, comme sa cousine d’Estrades, si elles ne souhaitent pas précisément sa chute, ne seraient pas mécontentes qu’elle payât ses joies par quelques chagrins. Mme d’Estrades, laide, effrontée, vénale, vilaine, dit Marmontel, « dans tous les sens, du côté de la figure et du côté de l’âme », a fait des bassesses pour gagner la confiance de la marquise. Une fois présentée, elle a brigué la place de dame d’atours auprès de Mesdames et pour la servir, Mme de Pompadour a contraint, par ruse, à la retraite, la titulaire de la place, la vieille et vénérable Mme de La Lande, ancienne sous-gouvernante du Roi. Le baron de Montmorency, qui s’est entremis dans cette affaire, a été récompensé par le cordon bleu. Quant à Mme d’Estrades, elle profitera de sa situation pour se lier avec M. d’Argenson, le mortel ennemi de la favorite, et pour trahir les secrets qu’elle pourrait surprendre dans les Cabinets du Roi. Elle fera mieux encore : elle se vantera, un soir, à Choisy, après une promenade