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padour le pressant de se retirer et s’endormant, il se leva à une heure et lui dit, à demi-haut (ce me semble) et gaîment : « Allons ! allons nous coucher ! » Les dames firent la révérence et s’en allèrent, et lui aussi fit la révérence et s’enferma dans ses Petits Cabinets, et nous tous nous descendîmes par le petit escalier de Mme de Pompadour où donne une porte, et nous revînmes par les appartements à son coucher public à l’ordinaire, qui se fit tout de suite… »

Pendant ces soupers du Roi — qui ne ressemblent guère à l’orgie crapuleuse dont la légende se crée déjà et se répand par toute l’Europe — la reine Marie soupe, elle aussi, chez le duc et la duchesse de Luynes, « ses honnêtes gens », ses amis vrais. Elle y retrouve le président Hénault et Moncrif, le cardinal de Luynes, Nangis, le vieux chevalier d’honneur qui se souvient d’avoir respectueusement aimé la duchesse de Bourgogne, et le comte de Tressan qui, dans ce milieu paisible, représentait l’esprit galant et libertin. Tout le monde est assis, malgré l’étiquette ; le chien de la Reine ronfle sur un coussin ; on parle de la vieille cour, du cher roi Stanislas, des petites Mesdames qui font leur éducation à Fontevrault, de M. le