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tement d’en haut », une femme qui lui paraît toujours nouvelle, l’accueille d’un visage toujours égal. Elle est la même qu’il connaît si bien et elle est cent autres : jardinière coiffée d’un chapeau de paille ; sultane au large pantalon de soie brochée, à la veste boutonnée et fendue sur la gorge ; grande dame et presque majestueuse ; jeune femme vive et gaie, et spirituelle conteuse d’histoires. De tout ce qui la rend si différente des dames de la cour, de tout ce qui aurait pu la perdre, elle a fait les éléments secrets de sa puissance. Elle a vu tant de gens, tant de choses que Louis XV soupçonne à peine, elle est si joliment dégagée des préjugés qui embarrassent les duchesses ! Avec ses talents de musicienne et de peintre, son élégance exquise, son art de la conversation appris à l’école de Voltaire et de Fontenelle, cette parvenue de génie a tous les traits de la Parisienne de race, qui peut naître dans la boue et s’élever jusqu’aux marches d’un trône, adaptée à toutes les situations, assouplie à toutes les circonstances, capable d’être, s’il le faut, une amoureuse, une artiste, une femme politique, une courtisane, et même une honnête mère de famille, mais, avant tout et toujours, une femme qui veut plaire et qui plaît.