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Le Nôtre, déroulé comme un tapis d’Aubusson aux nobles dessins. À ce nid d’amoureux — une anti-chambre, une chambre, une salle à manger agrandie par une alcôve et flanquée d’un office ou « réchauffoir » pour le service de la table, — il faut, par la pensée, rendre ses tentures de soie aux couleurs douces, ses meubles contournés et marquetés, ses fauteuils élargis à la mesure des « paniers » féminins, ses girandoles, ses lustres, ses tableaux et le joli clavecin qu’animaient les mains légères de la marquise.

Elle vivait là, défendue contre les curiosités indiscrètes, toute voisine de ces Petits Appartements entresolés où le Roi fuyait l’ennui des vastes pièces d’apparat. Louis XV arrivait chez elle, dès le matin ; il y demeurait jusqu’à l’heure de la messe, revenait après l’office, mangeait un potage ou une côtelette et ne se retirait souvent qu’à six heures du soir. Longue journée où la favorite devait employer à divertir son amant toutes les ressources d’une fantaisie ingénieuse.

Au début, la nouveauté de l’amour, la découverte émerveillée que font deux êtres de leurs sens et de leurs cœurs, pouvait remplir les heures secrètes de l’intimité ; mais le premier feu du désir