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rouge et se coiffait d’une fanchon de dentelle noire. Ce n’était pas une rivale : c’était à peine une femme ; mais c’était l’âme la plus belle qui fût à la cour, et c’était la Reine. Mme de Pompadour, pénétrée de respect, attendait qu’elle lui parlât. Quelques mots seulement ! Un compliment banal sur sa robe, comme en disent les femmes qui n’ont rien à dire. Mais la Reine avait de l’esprit. Elle voulut décevoir les gens qui avaient « arrangé » la conversation ; et elle s’avisa de demander à la marquise des nouvelles de Mme de Saissac, qu’elle avait connue à Paris. Mme de Pompadour sentit l’intention bienveillante, et plus émue que par un accueil glacé, elle murmura :

« J’ai, Madame, la plus grande passion de vous plaire. »

Le duc de Luynes, témoin de la scène, dit que la Reine parut assez contente du discours de Mme de Pompadour. Le public, « attentif aux moindres circonstances de cet entretien », prétendit qu’il avait été long, « qu’il avait été de douze phrases ».

Il y avait, dans cette attitude de la Reine, une volonté de soumission et de résignation chrétienne ; mais il y avait aussi peut-être, obscurément, le