Page:Tinayre - La Vie amoureuse de madame de Pompadour.pdf/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tributions de viande et les fontaines de vin. Les badauds, traînant des enfants selon la coutume parisienne, allaient de la place Louis-le-Grand, ornée de galeries en treillage, à la galerie peinte de paysages qui traversait le Carrousel ; de la rue de Sèvres, décorée de pampres, à l’arc de triomphe de la place Dauphine. Le Roi devait garder l’incognito et réserver à M. le Dauphin l’honneur de la réception officielle. Pour admirer l’héritier du trône, les invités du Prévôt des Marchands risquèrent un écrasement épouvantable. La bousculade, l’envahissement de l’Hôtel par toutes sortes de gens conviés et non conviés furent tels que les vingt-quatre gardes du Dauphin eurent peine à dégager le Prince et à lui frayer un chemin vers son carrosse. Un Mac-Nab du temps nous a laissé la comique vision de ce bal de l’Hôtel de Ville qui semble avoir créé une tradition pieusement conservée jusqu’à nos jours.

« Il y a eu, raconte l’avocat Barbier, une foule et une confusion de monde terribles. On ne pouvait descendre ni monter les escaliers. On se portait dans les salles, on s’y étouffait, on s’y trouvait mal. Il y avait six buffets mal garnis ou mal ordonnés ; les rafraîchissements ont manqué dès trois heures