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Tencin, appauvrie et vieillie, mais toujours intrigante, le prince de Grinsberg, Pâris-Montmartel et surtout M. de Tournehem, qui lui rendit plus légère l’absence de son mari et dirigea lui-même l’éducation de ses enfants. Les deux petits Poisson étaient adorables, Abel, « beau comme le jour », Jeanne-Antoinette — la filleule de Mme de Tencin — délicieuse par la figure et le caractère. M. de Tournehem les aima si fort que cela fit parler les jaloux, mais il paraît bien que les jaloux en furent pour leurs frais de calomnie, car le vilain M. Poisson était bien l’auteur naturel et légal de ces deux chefs-d’œuvre.

Mme Poisson souhaitait pour sa fille un mari plus brillant que le sien et, à force de rêver à l’avenir, elle voulut le connaître. Elle s’en alla donc, avec la petite, consulter Mme Lebon, la cartomancienne à la mode. La devineresse savait son Paris et comprenait l’âme secrète des gens. Elle fit le grand jeu et déclara que Mme Poisson serait « non pas reine, mais presque reine ». Mme Poisson, qui était — avec la beauté en plus — une sorte de Mme Cardinal, serra sa fille sur son cœur en la nommant sa chère petite « Reinette », et elle s’en revint chez elle, éblouie par un avenir qu’elle voyait tout