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rire l’heureux époux, car il était jeune, sans expérience et aveugle comme l’amour.

En épousant Jeanne-Antoinette, M. Le Normant avait suivi le vœu de son cœur et le désir de M. de Tournehem, son oncle, ami intime des Poisson. La famille de la jeune femme n’était pas de celles dont un honnête homme recherche volontiers l’alliance. Le père Poisson, fils d’un paysan, ignoble par la figure et les manières, sans moralité, sans scrupules, avait fait sa fortune chez les frères Pâris-Duverney, en fournissant des vivres pour la subsistance des troupes. Chargé d’approvisionner Paris pendant la disette de 1725, il spécula si bien qu’il ne put jamais rendre de comptes à l’intendant général Fagon et qu’il fut, par contumace, condamné à être pendu. Il se réfugia en Allemagne, patienta, intrigua, obtint la révision de son procès et retrouva sa place après avoir versé au Trésor quatre cent mille livres. Plus tard, on lui fera un titre de gloire, et même un titre de noblesse, avec ces malversations qu’on appellera des « services ».

Tel était le père. La mère valait-elle mieux ?… Cette fille d’un « boucher des Invalides », aussi belle, dans sa jeunesse, que sa fille était jolie, s’était ménagé des relations profitables : Mme de