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absurdes légendes sur les orgies cachées de Versailles et les débauches sadiques du Parc aux Cerfs, les imaginations obscènes des bas chansonniers, il les accepte et utilise. Esprit, beauté, bonté et même le goût, et même ce charme délicat qui explique son extraordinaire et longue fortune, il refuse tout à la marquise.

C’est qu’il la voyait avec les yeux du peuple, et que, pour ce fils de Rousseau, plébéien de génie, passionné jusqu’à l’injustice, tout ce qui représente l’ancienne France aristocratique est mauvais en bloc. Il ne comprend pas plus le caractère d’une Pompadour que la grâce d’un tableau de Boucher. Le bien qu’elle a pu faire, la création de l’École militaire et de la Manufacture de Sèvres, la rénovation des Gobelins, l’encouragement donné aux artistes, la protection assurée aux écrivains, même aux plus libres d’esprit, même aux auteurs de l’Encyclopédie — ne comptent pour rien à cause du Parc aux Cerfs et des millions dépensés à Crécy, à Bellevue, à l’Élysée.

Les Goncourt aussi, plus sensibles aux qualités d’artiste de Mme de Pompadour, ont cédé à l’influence des pamphlétaires. Ils ont vu « l’âme laide », le « cœur sec » à travers les Mémoires