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Bourbon, capitaine de cavalerie », Anne de Romans voyait un futur duc du Maine. Souvent, aux Tuileries ou au Bois de Boulogne, elle allait s’asseoir, ayant son fils dans une corbeille, et, devant les gens qui les admiraient tous deux, elle ouvrait son fichu de dentelles pour allaiter l’enfant du Roi. Mme de Pompadour, dévorée d’inquiétude et de curiosité, voulut connaître sa rivale. Un jour, avec Mme du Hausset, elle se rendit au Bois de Boulogne, la figure cachée dans ses coiffes et tenant un mouchoir sur sa bouche, comme une personne qui souffre des dents.

« Nous nous promenâmes quelques moments dans un sentier, raconte Mme du Hausset, d’où nous pouvions voir la demoiselle allaitant son enfant. Ses cheveux, d’un noir de jais, étaient retroussés avec un peigne orné de quelques diamants.

Elle nous regarda fixement, et Madame la salua. Puis, me poussant le coude, elle me dit :

« Parlez-lui »

Je m’avançai et lui dis :

« Voilà un bien bel enfant ! »

— Oui, répondit-elle, je peux en convenir, quoique je sois sa mère.

Madame, qui me tenait sous le bras, tremblait.