Page:Tinayre - La Vie amoureuse de madame de Pompadour.pdf/175

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pas d’une « petite fille sans éducation » offerte à Louis XV comme un bouquet de roses ou un panier de pêches veloutées. Après les grâces et les « folâtreries », les ingénuités libertines et les douceurs moutonnières, dont il était rassasié, le Roi découvrait soudain la grande beauté sculpturale, la majesté du corps unie à la fierté du caractère, une personne bien née, bien élevée, plus royale d’aspect que les reines, et près de laquelle il semblait, lui, le plus bel homme de son royaume ! « un écolier, un demi-roi ». Cette vivante statue, qui dépassait de la tête les autres femmes, et dont les cheveux noirs, déroulés, tombaient jusqu’à terre, c’était Mlle Anne de Coupiers de Romans, fille d’un avocat de Grenoble. Elle fut présentée au Roi dans les jardins de Marly. Louis XV en fut épris, dit Mme du Hausset « autant qu’il pouvait l’être ». Pour cette belle, il n’était pas question du Parc aux Cerfs. Elle fut logée à Passy, dans une maison achetée pour elle, où son amant, de plus en plus fou, l’allait voir. Elle devint grosse, et mit au monde un fils dont elle ne voulut pas se séparer et qu’elle nourrit elle-même. Dans ce bel enfant — vivant portrait du Roi — baptisé sous le nom de Louis-Aimé de Bourbon, « fils de Charles de