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voir secrètement l’autre pensionnaire, la délaissée se précipita, en bousculant tout, dans la chambre où était le couple. Elle se jeta aux genoux de Louis XV. « Oui, vous êtes le Roi, criait-elle, et de tout le royaume, mais ce ne serait rien pour moi, si vous ne l’étiez pas de mon cœur. Ne m’abandonnez pas, mon cher Sire ! J’ai pensé devenir folle, quand on a manqué vous tuer ».

— Mais vous l’êtes encore ! criait l’abbesse.

Le Roi embrassa la pauvre fille, et ne sachant qu’en faire… la fit conduire dans une maison d’aliénées où elle demeura quelques jours. On lui affirma qu’elle avait rêvé toute son aventure, mais elle savait bien, par le témoignage de ses yeux et l’instinct de son cœur, que le Roi avait été son amant.

Ce qu’il y avait de cruel dans cette conduite du Roi, Mme du Hausset ne le sentait pas, et Mme de Pompadour, moins encore. Bien mieux — on le voit clairement par les passages cités — la marquise admirait la « bonté » du Roi, et le Roi la « bonté » de la marquise.

Cette « bonté » fut mise à l’épreuve en 1762, lorsque, dans la vie secrète du souverain, une jeune femme entra, plus redoutable, à elle seule, que tout le harem du Parc aux Cerfs. Il ne s’agissait