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Autour de la Reine et du Dauphin, les dévots murmuraient ; mais la vertueuse Reine elle-même, qui n’aimait pas beaucoup la comédie, céda au démon éternel des femmes, à la curiosité… Son fidèle lecteur, Moncrif, le poète des Chats, avait composé certain livret pour un divertissement musical, et un peu grisé par une enfantine vanité, il apporta le texte de son chef-d’œuvre, après la représentation, dans le cercle de la Reine. Marie Leczinska y jeta les yeux et dégrisa l’auteur d’une seule petite phrase : « Moncrif, voilà qui est fort bien, mais en voilà assez ! » On peut croire que, ce soir-là du moins, il ne fut plus question de théâtre. Or, Mme de Pompadour, qui avait de la suite dans les idées et la tenace, sournoise et patiente volonté féminine, décida que la Reine viendrait à son théâtre, et avec la Reine, la Dauphine et le Dauphin. Elle s’arrangea pour obtenir du Roi une grâce qui tenait fort au cœur de la Reine : la promotion de M. de la Mothe, qu’on fit maréchal de France. Marie reçut cette nouvelle au lever du Roi et comme, dans sa joie et son émotion, elle voulait baiser la main de son mari, Louis XV l’embrassa, faveur bien rare ! Il lui dit qu’il n’avait pas voulu l’inviter au dernier spectacle de