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formes, des couleurs, des images simples et charmantes.

— Comme c’est bien « femme », tout ça ! dit mademoiselle Bon, qui n’était pas une bête. Je suis allée chez Flory, qui vit seule, comme vous : eh bien, chez Flory, malgré tout le blanc des murs et des meubles, et les stores de dentelle, et les bibelots, ça sent l’homme…

Josanne dit, d’un accent gamin :

— Je vous crois !…

Elle mit son chapeau, une toque plissée, en mousseline de soie noire, toute neuve. Mademoiselle Bon, un peu choquée, demanda :

— Vous ne portez plus le voile de crêpe ?

— Je ne peux plus : Foucart ne veut pas… Vous savez qu’il me trouve trop… trop peu… enfin, je n’ai pas le chic de Flory… Et, avec le métier que je fais maintenant, il ne m’est pas permis d’avoir l’air triste.

Elle fronçait les sourcils et serrait entre ses dents la longue épingle à tête noire.

— Voilà !… Monsieur Isidore Foucart, notre patron, me fait appeler, l’autre jour : « Ma petite Valentin (il ne peut pas dire : « Madame »), je connais les usages et je respecte vos sentiments ; mais, tout de même, ce grand crêpe, ça ne va pas pour le métier. » Je me récrie. Il reprend : « Je ne veux pas vous faire de la peine : vous êtes très gentille ; vous avez du mérite…, mais comprenez bien… Ces gens chez qui vous allez, pour vos articles, ils ont généralement des raisons d’être contents… C’est un monsieur dont la pièce a réussi, un philanthrope qu’on a décoré, une jolie femme qui a fait son petit roman, comme tout le