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décisif, le « oui » m’est resté dans le gosier : j’ai été lâche. Car, après tout, le zouave n’était plus jeune ; Dieu pouvait me refuser des enfants et me conserver le mari… Il vit encore !… Et je ne regrette rien, puisque Claude m’a faite grand’mère…

— Ah ! dit Josanne, en baisant la main de la vieille fille, quelle mère délicieuse vous auriez été !…

— J’ai eu mon heure de sottise, reprit mademoiselle Miracle en riant. Cela m’a rendue indulgente aux folies des autres. J’ai grand’pitié des filles de trente ans qu’assiège le « démon de midi », comme dit le curé de ma paroisse…

— Il ne faut pas juger autrui ! dit le chanoine Coulombs.

— Que celui qui est sans péché jette la première pierre aux pécheresses !… Monsieur le chanoine, il faut aider Rosa. Le militaire veut-il réparer sa faute ?… Oui… Eh bien ! de quoi se plaint-on ? Un peu plus tôt, un peu plus tard, le sacrement est toujours le sacrement… Le bon Dieu ne regardera pas aux dates, quand on lui offrira un chrétien de plus.

— Vous parlez d’or, dit le chanoine. J’irai voir le capitaine Lefaurel, pour hâter le mariage.

— Et que Rosa songe à sa santé !

— Elle n’est pas forte…

— Ah ! la santé…

— C’est le premier de tous les biens, après la vertu…

— Dieu me l’a refusé…

— Et à moi…

— Dame ! à nos âges…

Ils parlèrent de leurs maladies, de l’hiver précoce