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ment à ses habitudes lui fait du mal… Ces enfants de Paris…

— Mais, ma tante, Claude est vigoureux !

— En apparence… comme son père !

Josanne se tut.

— La nourriture est si mauvaise à Paris ! continua mademoiselle Miracle. C’est la ruine de l’estomac… Notre pauvre Pierre avait raison : les marchands vous empoisonnent… Élever un enfant à Paris, c’est abréger ses jours. Ici, les œufs sont frais, et le lait arrive pur de la campagne… Madame Chantoiseau me disait hier encore : « Votre petit neveu pousse à vue d’œil, et votre nièce a bien meilleure mine… »

Josanne comprit l’allusion discrète, le conseil timide : mademoiselle Miracle tâchait de les retenir, elle et l’enfant.

— Si nous dînions, ma tante ? dit-elle. Je crois que monsieur le chanoine doit venir…

Les deux femmes dînèrent, et, vers huit heures et demie, monsieur le chanoine Coulombs arriva.

C’était un brave prêtre, qui avait exactement l’âge de mademoiselle Miracle. Faible de complexion et de caractère, il avait adopté les goûts, les idées, les manies, jusqu’aux locutions de l’amie qu’il voyait tous les jours depuis trente ans. On disait même qu’il avait fini par lui ressembler et qu’il était plus vieille fille qu’elle.

Le soin de sa fragile santé, le jardinage et l’archéologie occupaient sa vie innocente. Sa conversation était toute pleine de recettes et d’anecdotes. Fort dévot à Notre-Dame du Pilier, il parlait des druides, premiers adorateurs de la Vierge noire, comme s’il les