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La jeune femme ressentit un petit choc. Elle rougit.

— Claude !…

Soulevant le tapis qui retombait autour de la table ronde, elle répéta :

— Claude !

Et elle attrapa l’enfant roulé en boule, les poings dans les yeux, les cheveux sur le nez. Il commençait de pleurer, mais un mot de sa mère arrêta le déluge :

— Demande pardon à la tante !

Claude murmura :

— Pardon, tante…

Et il ajouta :

— Pardon au chat…

Mademoiselle Miracle s’attendrit :

— Voyez, Josanne, comme il a bon cœur !…

Elle prit l’enfant sur ses genoux, pendant que Josanne préparait le potage au lait et l’œuf à la coque qui composaient le souper de Claude. Le petit ne voulait plus la quitter. Il n’avait pas faim ; il n’aimait pas l’œuf ; il exigeait deux morceaux de sucre dans sa tasse. Josanne intervint. Elle fit manger Claude, malgré ses protestations, puis elle le déshabilla, le coucha dans la chambre voisine. Il s’endormit.

— C’est un enfant difficile, mais il n’est pas méchant, et il vous aime, dit-elle en revenant, comme pour excuser son fils.

Elle savait que mademoiselle Miracle l’adorait ; mais elle savait aussi que le pauvre Claude était un intrus dans la maison, un neveu de contrebande, et elle souffrait parfois de l’imposer.

— C’est un enfant très nerveux, répondit la tante, et il faut surveiller son régime. Le moindre change-