Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/79

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pas bête du tout… Elle pourrait peut-être nous envoyer des chroniques sur la province… »

« Les petites causes !… pensa Josanne. Ce monsieur Delysle, sans le savoir, m’a rendu plus facile la démarche que je n’osais tenter. Il faudra que je le remercie. Cette lettre est charmante, vraiment. »

Elle était flattée que M. Delysle se fût donné la peine de lui écrire, à elle, l’obscure Josanne, autre chose que deux mots de politesse sur une carte de visite. Et elle se rappelait les paroles de Foucart : « Un grand garçon, brun comme un Arabe et froid comme un Anglais… Il a été en mission au Canada… »

Un sourire involontaire passa sur ses lèvres. Elle considéra la lettre, le dessin et la signature… Le papier avait une vague odeur de cigarette… Elle imagina un homme encore jeune, brun, aux yeux très sombres… Il se promenait, la cigarette aux doigts, dans un paysage florentin, et il pensait :

« Cette « Josanne » a reçu ma lettre… »

Elle était « Josanne » tout court, pour cet inconnu qui ne savait rien d’elle, qui n’était pas sûr de connaître son véritable nom…

Son imagination fantaisiste vagabonda…

Puis Josanne haussa les épaules :

« Il m’a oubliée, déjà, ce monsieur Delysle !… Que m’importe ? Je ne le verrai jamais… »

Mais tout de même, depuis un instant, il faisait moins noir autour d’elle.