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grand respect pour la liberté des autres, — même quand ces « autres » sont des femmes. Je leur reconnais exactement les mêmes droits que je revendique pour moi-même, et, comme je ne suis ni docile, ni résigné, ni passif, je m’intéresse à ces indépendantes, à ces « rebelles » qui sont mes contemporaines.

» Voilà une franche explication qui vient bien tard. Vous ne la publierez pas ; elle est pour vous seule, madame « Josanne », qui sans doute n’êtes point « Josanne ». C’est un pseudonyme, ce nom mystérieux et charmant ? Que j’en ai de regrets !

» J’écris à Foucart, — un peu moins qu’un ami, un peu plus qu’un camarade. — Je le prie de vous transmettre cette trop longue lettre qui vous paraîtra peut-être bien ridicule, et je le félicite de vous avoir pour collaboratrice. Ce Foucart ne connaît pas son bonheur !

» Respectueusement,
» NOEL DELYSLE. »


Josanne avait lu, d’un trait, les quatre petites pages. Elle les relisait, ligne par ligne. Et la lettre lui semblait plus amusante et plus jolie. Elle y sentait de la curiosité, sans impertinence, et un espoir, une promesse de sympathie, sous l’ironie légère des mots.

Et cette sympathie d’un inconnu était bienfaisante pour Josanne, dès le premier moment où elle s’exprimait. La lettre de Noël Delysle expliquait la lettre de Foucart. Le directeur du Monde féminin s’était dit :

« Tiens, tiens !… c’est vrai !… elle avait un gentil brin de plume, la petite Valentin ! Son article n’était