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crèmes, la bête du bon Dieu, quoi ! Et s’il n’était pas malade…

— Il est bien malade, Maria !

— Oui… oui… Mais faut de la vertu, vrai, pour le supporter… Madame qu’est jolie…

— Oh ! jolie !…

— Y en a bien, à la place de madame, qui diraient : « Zut !… assez !… bonsoir !… » Après des ans et des ans que ça dure !… J’estime monsieur, qu’est savant, et puis honnête, un homme sérieux… Mais j’dis que madame a du mérite…

— Maria, je fais ce que font beaucoup de femmes…

— Mais les autres, elles se plaignent !… Oui… au lavoir, chez le boucher, chez la crémière… et chez la concierge, donc !… Y a ma voisine qu’est en ménage avec un imprimeur… des gens collés, quoi ! mais bien aimables… J’y dis, à la petite : « Ernestine, i’va mieux, ton homme ?… » Lui, le pauvre, est malade dans le foie… Des nuits entières, il n’fait qu’un cri… « M’en parle pas, d’mon homme ! qu’elle me répond, j’fais ce qu’i’faut ; j dis rien d’vant lui ; c’est mon devoir… » Mais le devoir, des fois, c’est embêtant… Dame ! elle est jeune ; elle n’est pas d’bois, et, vous comprenez, ce garçon, avec sa maladie… « Ernestine ! que j’dis pour rire, tu le plaqueras un de ces jours, ton typo… — Moi ! qu’elle répond, le plaquer ?… Un pauv’diable qu’a si tellement besoin de moi !… Pour qui q’tu me prends ?… J’m’embête, mais j’reste ! C’est mon honneur… »

Josanne voudrait bien savoir si Ernestine est fidèle au typo… Elle n’ose pas interroger la Tourette.

— V’là l’bain prêt. Madame va chercher Claude ?