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dirigeait la petite revue l’Assistance féminine, — et Josanne Valentin.

La secrétaire de la rédaction était une personne très distinguée, très mondaine, amie particulière des Foucart. Depuis quelques mois, elle soignait une élégante neurasthénie, et Josanne la remplaçait, — car Josanne, n’ayant pas d’attributions bien définies, était l’employée à tout faire qui passe de l’administration à la rédaction, de la rédaction au service des primes, du service des primes à la correspondance… Et, comme elle avait l’esprit souple, elle réussissait à peu près partout.

Le petit bureau qu’elle occupait gardait quelques traces du passage de mademoiselle Flory, qui l’avait occupé naguère, avant de se consacrer à la « Soirée parisienne », aux comptes rendus des grandes réunions sportives, et au bonheur d’un M. Dupont. Une grosse toile bleu de lin, à frise blanche, couvrait les murs ; il y avait une bibliothèque et une table laquées de gris un vaste cartonnier tendu de cretonne comme ceux où l’on met les gants et les voilettes. Des photographies, des affiches étaient fixées à la tenture par des punaises ; des articles découpés, barrés de crayonnages bleus, débordaient la table, jonchaient le tapis. Entre l’encrier et le pot à colle, une branche de mimosa, élancée hors d’un cristal glauque, égrenait ses boules légères, toutes duveteuses de pollen doré.

Le soleil de mars, tiède et pâlot, touchait obliquement le store de toile écrue. On entendait le roulement des voitures, le tac tac d’une machine à écrire, derrière le mur. Dans l’antichambre, les grooms causaient à haute voix, et riaient, sans vergogne.