Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Écoute, Josanne…

— Quoi !… Tu n’es pas bien ?…

— Mais si, très bien… Écoute !

Il s’assit au bord du lit. L’étincelle du désir passa dans ses yeux gris… Sa face creuse, sabrée de rides verticales, s’illumina d’un sourire. Ses cheveux lisses collaient à ses tempes… Sa moustache avait une odeur d’éther.

— Laisse-moi, Pierre ! murmurait Josanne, d’une voix qui suppliait et qui avait peur. Le médecin…

— Ne pense donc pas au médecin ! Je vais mieux. Et tu es si jolie, comme ça, avec tes grands yeux, tes bras blancs…

Il l’étreignait, roulant sa tête sur la douce poitrine nue, et le parfum de la femme l’affolait.

Mais Josanne, ce soir-là, ne dominait pas sa répugnance. Elle se raidissait… Pierre la repoussa :

— Je te dégoûte donc !… Parce que je suis malade ?… parce que je suis laid ?… Tu ne me pardonnes pas ça, d’être malade et laid !… Tu as raison. L’amour, ça ne me va plus ! Je suis grotesque… Oh ! rassure-toi ! Je ne te violerai point…

Il pleura de rage.

— La seule joie qui me reste, tu me la refuses !… Va ! je n’invoquerai pas mes droits de mari… Je te voulais comme autrefois, quand tu m’aimais… Ah ! tu seras bientôt libre ! Je ne t’importunerai plus… Je mourrai. J’irai pourrir dans un coin et tu prendras un autre mari… ou un amant… un jeune, qui ne te dégoûtera pas…

Elle cria, désespérée :

— Tais-toi ! tais-toi !… C’est abominable de me