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Elle murmura :

— Je sais… J’ai compris tout de suite… Nous ne le sauverons pas… Alors, je ne veux pas qu’on le touche, et qu’on le remue, ça lui fait du mal… Je veux qu’on le laisse tranquille… Et puis, pas de gens autour de nous, personne… Toi !

— Oui, moi seulement, Josanne, moi qui t’aime, et qui l’aime, ce pauvre mignon ; moi qui t’aiderai à le guérir, si tu m’écoutes bien, si tu es docile…

Il voulut la convaincre qu’elle devait se reposer, boire un cordial. Elle refusa, d’un ton qui n’admettait pas de réplique…

Parfois, elle recommençait le geste de relever ses cheveux, et elle regardait devant elle, avec ses yeux de folle. Et elle disait :

— Non, ce n’est pas possible… N’est-ce pas, Noël, ce n’est pas possible ?…

— Non, ma chérie, rassure-toi… Claude peut guérir. Le médecin ne désespère pas, et moi, j’ai confiance… Aie du courage… Et, dans ta douleur que je sens, que je partage, pense à ma tendresse qui vous enveloppe, Claude et toi ; pense à l’avenir qui te réserve des consolations…

Elle répondit, d’un air sombre :

— Rien ne me consolerait…

Alors, Noël se tut. Il ne pouvait rien pour cette femme, que « d’être là » et se taire, et de respecter son martyre, comme elle l’avait demandé…

Le docteur revint encore.

— Eh bien ? dit-il à Noël, dans le salon. Avez-vous préparé la mère…

— Elle a tout deviné, docteur…