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que nous avons pu nous procurer, tout de suite, de la glace et les médicaments indispensables…

Le docteur Blanchet, qui était presque le voisin de Josanne, — il habitait rue Danton. — était venu plusieurs fois chez elle. Il savait que madame Valentin devait épouser M. Delysle et s’adressait à Noël comme au père adoptif de l’enfant.

— Et vous étiez seule !… dit Noël en s’approchant de Josanne… Mademoiselle Bon…

— Elle venait de partir… répondit Josanne qui essayait de soulever l’enfant. Claude a crié… Il était brûlant… Et ses yeux… Ah ! ses yeux !… Docteur, voyez, il ne peut pas ployer le cou… Sa nuque est toute raide…

— Ne le soulevez pas, madame… Je vais essayer de le faire boire… Ôtez la lampe, monsieur Delysle… Il faut peu de lumière et aucun bruit… Voyons, madame… madame !…

— J’aurais plus de courage, si je savais ce qu’il a.

— Nous le saurons demain… Soyez calme pour être forte… Je dois m’en aller, mais voilà monsieur Delysle qui restera avec vous… Là, c’est fait.

Noël tenait la main de son amie… Il l’exhortait au calme à la confiance. Josanne l’écoutait sans l’entendre, et le regardait sans le voir. Elle ne voyait que Claude… Elle ne pleurait pas, mais elle avait les lèvres aussi pâles que ses joues, les narines serrées, un pli entre les sourcils, et ses yeux paraissaient plus enfoncés dans leurs orbites. En deux heures, elle avait changé : blêmie, et comme maigrie par l’angoisse.

— Vous pouvez partir, docteur ! dit Noël d’un ton résolu. Madame Valentin sera très raisonnable ; je